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Arthralgies et éruption acrale : une forme bruyante de syndrome post-streptococcique peu connu, l’acrovésiculopustulose - 06/06/18

Doi : 10.1016/j.revmed.2018.03.113 
L. Cavée 1, A.M. Blind 2, M. Groza 3, A. Thomas 1, J. Cattelan 1, J.C. Weber 1, M. Rondeau-Lutz 1,
1 Service de médecine interne NHC, CHU de Strasbourg, Strasbourg, France 
2 Service de dermatologie, CHU de Strasbourg, Strasbourg, France 
3 Service de médecine interne, hôpital Louis-Pasteur, Colmar, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Nous rapportons 2 cas de patientes ayant présenté, quelques jours après une infection ORL streptococcique, un tableau clinique méconnu, l’acrovésiculopustulose (AVP). Le tableau clinique était toutefois plus bruyant qu’une simple éruption.

Observation

Cas clinique no 1 : une patiente de 51 ans, suivie pour une gammapathie monoclonale de signification indéterminée stable depuis des années, est hospitalisée pour douleurs articulaires et éruption. Quatre jours après une angine streptococcique traitée par céfuroxime et prednisolone, elle présente des arthralgies de rythme inflammatoire, des épaules, coudes, hanches, genoux et articulations des mains ainsi qu’une éruption palmoplantaire. Il s’agit de vésicules et de pustules enchâssées, et peu inflammatoires, qui évoluent en plusieurs poussées. La patiente se plaint aussi d’importantes sueurs nocturnes. La CRP est à 44mg/L et les ASLO à 297 (N<200). Une biopsie cutanée (exempte de pustule et de vésicule) montre un infiltrat polymorphe, mais surtout neutrophilique, dermique, modéré avec œdème. Un syndrome de Sweet est évoqué par l’histologiste, la patiente placée sous Colchicine. L’absence d’amélioration motive son hospitalisation dans notre service. Le tableau clinique n’est pas celui d’un syndrome de Sweet, mais bien celui d’une AVP. La patiente présente aussi des douleurs sternales et costales antérieures. Le myélogramme est normal. L’évolution des arthralgies est spontanément favorable en 2 semaines, de l’éruption avec une application de dermocorticoïdes en 1 mois. Il n’y a pas d’argument pour un rhumatisme axial ni pour un psoriasis.

Cas clinique no 2 : une patiente âgée de 57 ans est hospitalisée pour des arthralgies asymétriques d’horaire inflammatoire touchant le poignet droit, la cheville gauche, les MCP gauches, le rachis dorsal, accompagnées d’une éruption vésiculeuse et pustuleuse des paumes. On note un important syndrome inflammatoire avec une CRP à 105mg/L. Ce tableau survient 6jours après une angine traitée par céfuroxime. La biopsie cutanée met en évidence de nombreux polynucléaires neutrophiles de siège intra épidermique, et également une vésicule, et le derme sous-jacent est le siège d’un infiltrat inflammatoire modéré polymorphe. Le bilan infectieux est négatif, (ASLO légèrement augmentées), le bilan des rhumatismes inflammatoires également. L’IRM du rachis était normale. Les lésions cutanées disparaissent sous dermocorticoïdes mais les arthralgies inflammatoires persistent, nécessitant (AINS peu efficaces) de petites doses de corticoïdes par voie orale à doses rapidement dégressives. La patiente présente une nouvelle poussée cutanée 8 semaines après, suite à la réalisation du vaccin DTP, accompagnée d’une récidive d’arthralgies touchant les mêmes articulations, rapidement régressive.

Discussion

L’AVP est un tableau clinique décrit depuis longtemps [2, 1] mais peu connu. La physiopathologie est incertaine : réaction psoriasiforme au stimulus bactérien ? Forme localisée de psoriasis (quoique l’éruption puisse dans de rares cas être disséminée) ? Le tableau associe une infection ORL préalable, un tableau d’installation rapide sur 24–48h, de nombreuses pustules palmoplantaires de moins de 1cm qui peuvent s’étendre sur la face dorsale des mains et des pieds voire sur l’ensemble du corps, et une évolution rapidement favorable en 2–3 semaines. L’hypothèse d’une toxidermie paraît peu probable, bien qu’une antibiothérapie soit fréquemment administrée dans ce contexte.

Le tableau de nos patientes est cohérent avec la description mais s’y ajoutent les arthralgies. Dans ce contexte, il est important de vérifier qu’il ne s’agit pas d’une forme débutante de SAPHO, dont l’éruption palmoplantaire est identique, mais la chronologie post-streptococcique est toutefois rassurante.

Les anglo-saxons, quant à eux, appellent l’AVP la pustulose palmoplantaire (PPP) qui appartiendrait aux psoriasis pustuleux, et qui pourrait précéder ou être associée au psoriasis vulgaris. Il semble toutefois que l’amygdalectomie serait bénéfique dans la prise en charge de ces PPP…

Conclusion

Une éruption palmoplantaire vésiculopustuleuse doit faire rechercher une infection ORL streptococcique récente. Les 2 cas exposés ici entrent dans la définition de l’AVP mais sont notables par l’association d’arthralgies qui ne semblent pas connues comme faisant partie du tableau.

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